"Sous les Cerisiers"

 

Hiroko Ito est une artiste surprenante.

Si ses origines japonaises se perçoivent à l’énoncé de son patronyme, elles sont moins évidentes sur ce disque qui fleure bon, comme le chante nos chansonniers, le Paris couleur Paname.

Sous « le Cerisier », près de la « Fée » où à « L’ombre de la Lanterne » où se dessine l’ombre du « Chat », les mélodies se faufilent, comme Gabin et Ventura dans ‘‘ Touchez pas au grisbi »..

De derrière un accord surgit la silhouette de Michel Audiard. Les compositeurs Maurice Jarre, Georges Delerue, ou Jean Wiener rôdent également sur ces partitions qui ont la densité picturale d’une aquarelle au ton pastelle.

Si les musiques du monde la fascinent, c’est sur les bords de la Seine qu’Hiroko Ito aime se ressourcer. C’est là que l’accordéon s’émancipe, prend l’air...de la nostalgie. De ses voyages, Hiroko Ito ramène des teintes musicales, des motifs qui donnent du volume à sa palette harmonique.

Mais la découverte de l’univers de Marcel Azzola, que Brel a fait chauffer dans sa chanson « Vesoul », est déterminante. Elle s’installe à Paris pour vivre pleinement toutes les richesses du piano à bretelle. Et Joe Rossi, complice entre autres de Barbara, Georges Moustaki, Juliette Gréco et Yves Montand devient son maître. Cette palette donne du sens et de l’émotion à chacune de ses compositions.

Pour que ces quelques notes brillent de mille éclats, il lui fallait rencontrer un magicien.

Patrice Peyrieras, complice dans l’écriture de « l’espoir », et auteur de « Place de la Boca », signe les orchestrations, le concept et la réalisation de cet écrin.

Avec, en soliste à l’accordéon, Aurélien Noël, Sébastien Debard et Sébastien Farge, ils transcendent toute la subtilité de cette musique empreinte de poésie et de tendresse.

Ils sont les têtes d’affiches d’un cinéma « Paradiso » musical où les blanches et les noires se projettent sur un écran intime sur lequel défile le film de notre vie.

Aucun artifice…les effets spéciaux sont absents !

Ce disque favorise l’introspection.

Il est tout simplement beau.

 

 

Jean-François Julien